mardi 6 décembre 2011

Polisse

Ce 3ème film de la réalisatrice Maïwenn avait fait sensation au dernier festival de Cannes. Il met en scène plusieurs officiers de la BPM (Brigade de la Protection des Mineurs) dans leur travail, mis en parallèle avec leur vie privée et leurs soucis personnels. Une photographe bourgeoise un peu coincée (Maïwenn) est envoyée sur le terrain pour les suivre dans le but de faire un livre de photos sur cette branche de la police.

Maïwenn est visiblement une habituée des gros castings ; dans Le Bal des actrices, elle avait réuni un certain nombre de grandes actrices françaises. Là, dans Polisse, elle nous honore une fois de plus avec d'excellents comédiens, venant d'univers très différents : Karine Viard, Marina Foïs, JoeyStarr, Nicolas Duvauchelle, une apparition trop rapide d'Anthony Delon, et des comédiens un peu moins connus mais tout aussi performants.

Parfois un peu cliché, ce film m'a fait pensé à un épisode de PJ de 2 heures (dans la retranscription d'une certaine réalité), mais beaucoup plus fort et intense. La plupart des saloperies faites sur les enfants sont retranscrites : pédophilie, inceste, évacuation d'enfants dans un camp de roms, bébé secoué et masturbé par sa mère, ... tout y passe et toutes les catégories sociales et ethniques sont représentées. Le film prend souvent des aspects de documentaire filmé sur le vif, nous offrant des scènes très fortes : la mère malienne qui abandonne son petit dans un foyer pour qu'il ne manque rien, ou encore celle du père magrébin qui se fait remonter les bretelles par une femme-officier arabe du commissariat. Pour le film, Maïwenn a laissé une certaine part d'improvisation aux acteurs, ce qui se sent et cela participe à la bonne cohérence du film et à la spontanéité qui s'en dégage.

Le film pourrait souvent tomber dans le pathos de par toutes les scènes évoquées. Bien sur, le malheur des enfants est facilement prétexte à pleurer, on montre un gamin qui s'est fait violé, tout ça... Mais la manière très crue dont les scènes sont filmées et assemblées, la simplicité émergente ne nous laisse aucun moment de nous apitoyer, au contraire, on est là, on regarde, et c'est tout (je pense notamment à la scène de la fausse couche d'une gamine de 16-17 ans qui s'est faite violée par une bande de mecs).

On passe très souvent du rire aux larmes : des scènes plus drôles ajoutent de la légèreté au film, notamment grâce à certaines réactions de JoeyStarr, ou d'autres petites blagues sur des cas : une jeune fille qui s'est senti obligé de sucer une bande de mecs pour récupérer son portable. 16-17 ans, 4 flics, qui se marrent ouvertement, surtout quand le seul argument qu'elle leur sort à la fin est : « bah, c'était un beau portable ». Vivement conseillé surtout pour le générique de L'Ile aux enfants.

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